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    Windcoop X Ethiquable : Un partenariat pour révolutionner le transport maritime durable et équitable

    Dans le cadre d’un partenariat unique et innovant, Windcoop et Ethiquable unissent leurs forces pour proposer une alternative éthique et durable au transport maritime traditionnel. Ensemble, ils veulent prouver qu’il est possible de concilier respect de l’environnement, conditions de travail justes et transparence, tout en réinventant les chaînes d’approvisionnement. À travers cette interview croisée, Matthieu Brunet, co-fondateur de Windcoop, et Stéphane Comar, co-fondateur d’Ethiquable, partagent leur vision, leurs engagements et les spécificités de ce projet pionnier. Découvrez comment ces deux acteurs du commerce équitable et de l’innovation sociale collaborent pour construire un avenir plus responsable pour le transport maritime.

     

     

    Rencontres avec Matthieu Brunet (Windcoop) et Stéphane Comar (Ethiquable)

     

    Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? 

     

    Matthieu Brunet – Je suis co-fondateur et président de Windcoop, une coopérative dédiée au transport maritime bas carbone, et dirigeant d’Arcadie, entreprise spécialisée dans les épices biologiques.

     

    Stéphane Comar – Je suis co-fondateur d’Ethiquable, en charge des aspects économiques et financiers de notre SCOP. Et particulièrement engagé sur les filières café et thé à titre personnel comme professionnel.

     

    Un partenariat pour un transport maritime plus éthique et transparent

     

    Quels sont, selon vous, les principaux enjeux sociaux et environnementaux du transport maritime, et en quoi le projet Windcoop apporte-t-il une réponse concrète à ces défis ?

     

    MB – Le transport maritime génère 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et repose encore largement sur le fioul lourd, très polluant pour le climat et les écosystèmes marins. À cela s’ajoutent des conditions de travail souvent précaires et des chaînes logistiques axées sur le volume, au détriment de la durabilité.

    Avec Windcoop, nous voulons montrer qu’il est possible de transporter des marchandises autrement, en utilisant des cargos à voile modernes pour réduire drastiquement les émissions tout en proposant une gouvernance coopérative et transparente. Notre objectif est d’allier innovation technique, respect des écosystèmes et juste rémunération de toutes les parties prenantes.

     

    SC – Le projet est la conjonction de plusieurs éléments importants à nos yeux : 

    • apporter des solutions répondant aux enjeux d’un transport maritime plus transparent et engagé, à la fois sur les conditions sociales mais également environnementales.
    • construire un projet coopératif. Windcoop est une entreprise coopérative qui regroupe et implique  l’ensemble des acteurs de la chaîne de transport maritime : partenaires financiers, chargeurs, salariés (et notamment l’équipage) et citoyen·nes. 
    • participer à la diffusion de savoirs et de connaissances dans ce secteur d’activité souvent opaque (pavillon de complaisance) et souvent négligé dans l’analyse d’un produit. On parle souvent du goût, de la fabrication, de l’emballage mais le transport est invisibilisé.

     

    Un autre point qui nous a séduit, c’est la flexibilité de la démarche. Créer une route maritime directe Madagascar – France : C’est presque du travail sur mesure et qui a tout son sens. Cela peut également permettre de limiter le transport routier dans les pays de production, en rendant accessible des ports d’embarquement disposant de plus faibles moyens de manutention. En effet, dans bien des cas, les containers à exporter parcourent des centaines voire des milliers des kilomètres pour accéder à des ports capables d’accueillir des giga-bateaux porte-containers.

    Sur le projet à Madagascar, Windcoop peut charger dans plusieurs ports de l’île. Le bateau Windcoop est équipé d’une grue pour aller chercher les containers. Cela permet d’être autonome, d’aller chercher de la marchandise dans des petits ports qui ne sont pas équipés d’engins de manutention.

     

     

    Windcoop : une alternative durable au transport maritime traditionnel

     

     

    La transparence et la gouvernance coopérative sont au cœur du modèle de Windcoop. Pourquoi ces choix sont-ils importants, et en quoi la structure coopérative constitue-t-elle un critère essentiel pour votre collaboration ?

     

    MB –  Nous avons opté pour une transparence accrue et une gouvernance coopérative car elles sont au cœur de notre vision d’un transport maritime durable et éthique. En tant que coopérative, Windcoop rassemble diverses parties prenantes – citoyens, salariés, clients, partenaires – autour d’un objectif commun : décarboner le transport maritime tout en respectant les valeurs sociales et environnementales. Ce modèle garantit que chaque voix compte, favorisant une prise de décision collective alignée sur l’intérêt général. La transparence, quant à elle, est essentielle pour instaurer la confiance et assurer que nos actions reflètent nos engagements. En combinant ces principes, nous démontrons qu’il est possible de concilier performance économique, respect de l’environnement et gouvernance participative.

     

    SC – Cette structure juridique est déterminante dans notre choix.  Cela permet d’aborder des thématiques souvent non traitées dans ce secteur d’activité. Mettre autour de la table à la fois des acteurs financiers, des entreprises faisant appel au transport maritime et des salariés d’équipage permet de favoriser la gestion participative et la transparence. Cela permet de créer des synergies positives en jouant sur l’intelligence collective des différents acteurs impliqués. Chacun apportant son point de vue sur ses enjeux pour avoir une meilleure vision globale, une exhaustivité des sujets afin de mieux les appréhender. C’est très intéressant de découvrir les préoccupations de chacun des acteurs. C’est nourrissant et cela permet d’ouvrir nos horizons.

    Etre en coopérative permet une meilleure implication des acteurs de la chaîne afin de répondre de manière plus fine et adéquate aux enjeux actuels et futurs du transport international.

     

     

    Réinventer le transport maritime : éthique, écologie et conditions de travail

     

    L’engagement de Windcoop pour des conditions de travail exemplaires dans le secteur maritime est une véritable innovation. Quels défis cela représente-t-il, et en quoi ces engagements sociaux influencent-ils votre partenariat ?

     

    MB – Chez Windcoop, notre engagement envers les marins dépasse largement le simple respect des réglementations maritimes. Nous visons à établir de nouveaux standards éthiques : garantir des salaires décents, lutter contre le dumping social, promouvoir la mixité et la parité dans nos équipages, et mettre en place une politique stricte contre le harcèlement et les violences à bord. Nous plaçons la sécurité et le bien-être des marins au cœur de nos priorités.

    Ce défi est ambitieux, mais il est indispensable. Nous croyons fermement qu’un transport maritime durable ne peut exister sans des conditions de travail exemplaires pour ceux et celles qui en sont les acteurs clé.

     

    SC -Nous-mêmes étant en coopérative avec des engagements forts sur les aspects sociaux et salariaux notamment en terme de partage de la valeur, nous sommes très heureux de pouvoir encourager et favoriser l’émergence de ce type d’engagement, notamment dans ce secteur très opaque et très inégalitaire. 

     

     

    La réduction des émissions carbone et de la pollution maritime est au cœur du projet Windcoop. Comment y parvenez-vous, et pourquoi cet aspect est-il essentiel dans le choix de votre moyen de transport ?

     

    MB – Nos cargos utiliseront le vent comme principale source de propulsion, ce qui permettra de réduire jusqu’à 90 % les émissions de CO₂ par rapport aux porte-conteneurs traditionnels. Cette approche diminue également les émissions d’oxydes de soufre et d’azote, contribuant ainsi à une meilleure qualité de l’air. De plus, la navigation à la voile réduit significativement la pollution sonore, un facteur perturbant pour la faune marine. En adoptant des vitesses modérées, nos navires minimisent le risque de collisions avec les mammifères marins, préservant ainsi la biodiversité océanique. Cette démarche s’inscrit dans une vision globale de respect des écosystèmes marins et de promotion d’un transport maritime durable.

     

    SC -Nous avons engagé depuis 2023 une analyse approfondie de notre impact à travers un bilan carbone niveau 3. Le transport le plus impactant est celui des derniers kilomètres parcourus par nos produits. Néanmoins, il est important pour nous de travailler sur tous les aspects. Les émissions de particules liées au transport maritime est un véritable sujet, et son impact sur la pollution des océans. Sans parler des dégazages. Tout ce que l’on peut éviter est un pas vers une meilleure prise en compte des aspects environnementaux du transport de nos produits. 

     

     

    Quels enseignements tirez-vous de vos expériences respectives avec le transport maritime à la voile, et comment ces retours influencent-ils la poursuite et le développement de ce type d’initiative ?

     

    SC – Il y a 4 ans, nous avions déjà fait l’expérience avec le transport de café qui s’était avéré complexe d’un point de vue logistique et organisationnel. Le coût était un élément important et un obstacle à la mise en œuvre généralisée. Aujourd’hui ces problématiques sont en grande partie résolues et nous sommes très favorables à poursuivre cette initiative. C’est une initiative qui présente de nombreux aspects positifs et qui permet d’être un modèle inspirant pour d’autres acteurs. Sans imaginer que tout le monde fasse la même chose, nous espérons que cela puisse éclairer d’autres structures qui pourront s’inspirer de ce que nous faisons au sein du projet Windcoop. 

     

    MB –  Nos partenaires, comme Ethiquable, nous soutiennent pleinement, car ils voient dans Windcoop une réponse concrète à leurs engagements pour un commerce équitable et une logistique durable. Leurs retours soulignent également que notre gouvernance coopérative et notre transparence renforcent leur confiance dans le projet.

    Ces collaborations montrent que Windcoop n’est pas seulement une alternative écologique, mais une opportunité unique d’aligner transport, valeurs et impact. Ce soutien nous encourage à aller plus loin et à élargir notre communauté de partenaires engagés.

     

     

    Vers de nouvelles routes : l’avenir du transport durable

     

    Après la liaison Madagascar-France, quelles sont les prochaines étapes pour développer Windcoop ? D’autres destinations ou produits sont-ils envisagés ?

     

    MB – Une fois la liaison Madagascar-France consolidée, notre objectif est de développer de nouvelles routes, notamment vers les Caraïbes, l’Amérique du Sud ou l’Afrique de l’Ouest. Nous envisageons également de diversifier les produits transportés, avec un accent sur les matières premières biologiques et les biens durables.

    Chaque étape sera guidée par notre mission : réduire l’impact environnemental, promouvoir des échanges équitables et développer un transport maritime durable.

     

     

    Pensez-vous étendre ce type de collaboration à d’autres flux logistiques ou produits dans la chaîne d’approvisionnement des produits Ethiquable ?

     

    SCNous nous sommes engagés avec Windcoop sur une collaboration à moyen et long terme. Si dans l’immédiat nous ne pourrons pas confier tous nos flux de marchandises sur le /les bateaux Windcoop, il y a déjà de belles perspectives pour le transport de matières comme le café et le cacao.

     

     

    Quels freins principaux identifiez-vous pour concurrencer le transport maritime conventionnel ? Comment les surmontez-vous ?

     

    MB –  Le premier frein a été de trouver un équilibre entre performance économique et écologique. Cela signifie maximiser le nombre de conteneurs à bord pour bénéficier d’économies d’échelle, tout en maintenant une taille de navire réduite pour privilégier la propulsion par la voile.

    Pour surmonter ce défi, nous avons équipé notre navire d’une grue, ce qui le rend autonome pour la manutention. Cela nous permet de nous adresser aux ports secondaires, où l’impact environnemental est réduit grâce à un acheminement pré et post-portuaire plus court.

    Un autre avantage clé de notre modèle est le transit direct. Contrairement au transport jusqu’à 80 jours entre Madagascar et Marseille – nous proposons un trajet direct. Cela réduit non seulement les émissions, mais répond aussi aux besoins spécifiques de nos chargeurs, notamment ceux de l’agroalimentaire, en respectant les dates limites de consommation (DLC).

     

     

    Le mot de la fin

     

    Si vous deviez résumer ce partenariat en un mot ou une phrase, que diriez-vous ?

     

    MB – Une synergie pour prouver que transport durable et commerce équitable vont de pair.

     

    SC Un projet innovant tant sur les aspects sociaux que environnementaux, apportant  de la transparence dans un secteur complexe et méconnu.

     

     

    Quel message clé souhaitez-vous transmettre aux consommateur·rices concernant ce projet et son impact ?

     

    MB – Chaque choix compte. En soutenant Windcoop, vous participez activement à la réduction de l’empreinte carbone du transport maritime et à la construction d’un modèle plus juste et durable. Ce projet prouve qu’il est possible de transporter des marchandises autrement, en respectant à la fois les Hommes et la planète.

    Une campagne de financement citoyen est en cours, rejoignez-nous dès à présent sur www.wind.coop

     

    « Père Noël, cette année, n’oublie pas mon petit voilier »