Transition agroécologique en France : le commerce équitable révèle ses atouts
Publié le 10 novembre 2022
Une étude terrain menée par Commerce Équitable France met l’accent sur 3 engagements clés du commerce équitable qui accélèrent la mise en œuvre de pratiques agroécologiques au sein des groupements de producteur·rice·s engagé·e·s dans cette démarche.
En octobre 2021, la loi visant à protéger la rémunération des agriculteur·rice·s était promulguée. Face au mal-être d’une des professions les plus exposées à la précarité, cette loi tente d’apporter une réponse à un problème majeur, mais fait l’impasse sur l’adaptation des agriculteur·rice·s aux défis du climat et de la biodiversité auxquels ils sont confrontés. Pourtant, le fait d’apporter une visibilité économique aux agriculteur·rice·s est un levier puissant en faveur de l’adoption de modes de production agroécologiques résilients.
Dans une étude terrain, Commerce Équitable France montre en quoi les engagements du commerce équitable accélèrent le déploiement de pratiques agroécologiques. Le collectif français des acteurs du secteur appelle les décideurs publics à s’inspirer de ces conclusions pour accompagner le déploiement de filières alimentaires alliant ambitions économiques, sociales et écologiques.
Changement climatique et précarité économique : la double peine
Tandis qu’un trop grand nombre d’agriculteur·rice·s peinent à vivre de leur métier, l’urgence climatique exige de leur part un changement des systèmes de production agricoles pour atténuer les émissions du secteur. Si les solutions existent, le climat d’insécurité et de précarité économique du secteur (volatilité des prix des matières premières, relations commerciales déséquilibrées avec l’aval) se révèle particulièrement dissuasif. Cette nouvelle étude analyse les chemins de changements agro écologiques engagés par 14 organisations de producteurs et montre comment l’application de 3 principes clés du commerce équitable actionnent des leviers déterminants dans les trajectoires de changement de ces filières.
Levier 1 – Des moyens économiques plus équitables
Les prix rémunérateurs, ainsi que le fonds de développement financé par les acheteurs, apportent la sécurité économique nécessaire aux groupements de producteurs pour impulser des changements forts, comme des conversions en agriculture biologique.
Exemple : Au sein de la coopérative CAVAC (4755 fermes), les engagements en commerce équitable ont accompagné une vague massive de conversions Bio, de 7 000 ha en 2015 à 30 000 ha en 2020.
Le fonds de développement permet à AgriBio Union (union de coopératives regroupant 1000 fermes, leader du soja bio pour l’alimentation humaine) de déployer un plan d’action en faveur de la biodiversité.
Levier 2 – Une sécurisation économique avec des contrats longue durée
Lors d’évolution brusque du marché ou d’accident climatique, la qualité des partenariats de commerce équitable et le dialogue entre acteurs permettent d’identifier des solutions de partage des risques. Ainsi, les contraintes ne reposent pas uniquement sur les épaules des producteurs.
Dans l’incapacité d’assurer ses livraisons après l’épisode du gel du printemps 2021, Etic Monts Bio (7 producteurs) a pu, en dialogue avec son acheteur, faire lever des pénalités et trouver d’autres solutions
Levier 3 – Une gouvernance démocratique renforcée au service de projets collectifs
En bénéficiant uniquement à des organisations collectives de producteurs, le commerce équitable propose un cadre pour redynamiser la démocratie. La construction d’une vision commune et d’un projet collectif permet au groupement de se fixer un cap et de se doter des outils de pilotage pour l’atteindre.
La gouvernance démocratique de Biolait (1400 fermes) a permis d’aboutir sur une démarche qualité ambitieuse (zéro importation de soja pour l’alimentation animale pour lutter contre la déforestation, développement du pâturage,…) et un accompagnement des adhérents par des techniciens.
Les résultats de cette nouvelle étude renforce la vision de Commerce Equitable France : la promotion de l’agroécologie et la progression des revenus agricoles constituent bien les deux faces de la politique agricole et alimentaire de l’avenir.