Accord UE-Mercosur, ce n’est pas ce commerce que nous voulons !
A l’instar des agriculteur·rices français·es mobilisé·es et de l’Assemblée Nationale qui s’est prononcée en défaveur de la signature de l’accord ce mardi, le mouvement du commerce équitable soutient le rejet de l’accord commercial entre l’Union Européenne et les pays du Mercosur, regroupant le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay. La vie en autarcie n’existe pas, et les échanges commerciaux internationaux ont une utilité. Mais pas dans n’importe quelles conditions ! Commerce Équitable France décrypte les conséquences préoccupantes de cet accord pour les agriculteur·rices, l’environnement et les modèles alimentaires, tant en Europe qu’en Amérique du Sud.
Un accord qui fragilise les producteur·rices sur les deux continents
En abaissant les droits de douane, cet accord facilitera l’importation en Europe de produits ne respectant pas les standards européens, qu’il s’agisse de bien-être animal, ou encore de normes sanitaires et environnementales. Cette baisse des prix mettra davantage en difficulté les agriculteur·rices européen·nes, aggravant leur précarité ou les forçant à produire toujours plus à moindre coût, souvent au détriment de pratiques plus respectueuses de l’environnement. Cette concurrence inégale risque de pousser les producteur·rices européen·es dans une spirale infernale où uniquement celles et ceux capables de produire toujours plus, à moindre coût, pourront survivre.
En Amérique latine, la situation n’est guère plus favorable. Loin de soutenir les petites producteur·rices, cet accord pourrait au contraire les marginaliser davantage ; les grands groupes agro-industriels, moteurs de l’exportation, en seraient les principaux bénéficiaires. A cela s’ajoutent des conséquences environnementales dramatiques, notamment la déforestation massive.
Le commerce équitable : un commerce international régulé et juste
Face à ces déséquilibres, le commerce équitable apporte une réponse concrète en mettant en place des échanges internationaux respectueux à la fois des producteur·rices et des consommateur·rices, tout en répondant aux enjeux environnementaux.
Avec le commerce équitable, l’importation reste non seulement possible, mais elle peut se faire dans des conditions équilibrées et justes. Un modèle qui ne met pas en danger les producteur·rices français·es ou européen·nes. En assurant des prix rémunérateurs, il soutient également les agriculteur·rices des pays partenaires, leur permettant de vivre dignement de leur travail et d’investir dans des modes de production durables.
Le commerce équitable favorise des pratiques agroécologiques pour à la fois réduire l’impact environnemental et renforcer les capacités d’adaptation des fermes au dérèglement climatique.
Les partenariats volontaires de commerce équitable entre des entreprises européennes et des producteur·rices en Europe et dans les pays du Sud montrent qu’un commerce international équilibré, respectueux des individus et de la planète est possible.
Les acteur·rices du commerce équitable s’expriment activement contre l’accord UE-Mercosur et défendent des pratiques agricoles durables et équitables :
- Bio Équitable en France déplore un accord qui accentue les crises agricoles en favorisant des produits importés aux normes insuffisantes, mettant en danger les filières locales et les consommateurs.
- Agri-Éthique met en garde contre les risques environnementaux liés aux importations de produits comme le soja et le bœuf, associées à la déforestation. Ce label 100% origine France souligne aussi l’impact sur les prix de marché, accentuant la précarité des agriculteur·rices français·es.
- Max Havelaar France décrypte en quoi cet accord est aussi nocif pour les producteurs du Sud
Rendre le commerce mondial plus équitable ? Quelles politiques publiques promouvoir ?
Nos propositions :
- Soutenir les initiatives volontaires conciliant juste prix et agroécologie comme le commerce équitable pour qu’elles se généralisent !
- Accompagner et soutenir la transition agroécologique des pratiques à travers la PAC en Europe pour que le prix de ces transitions ne soit pas assumé uniquement par les consommateur·rices
- Renoncer aux accords de libre échange qui accentuent la compétition de tous contre tous. Il est essentiel de permettre à tous les pays de protéger leur agriculture. Les coûts de production varient considérablement d’une région à l’autre, et il est risqué de confronter des agricultures soumises à des réalités si différentes sans régulation.
- Intégrer des clauses environnementales dans les relations économiques entre l’Europe et le reste du monde, mais en donnant les moyens aux petits producteurs des pays exportateurs de s’adapter, comme cela devrait être le cas par exemple pour la Règlement Européen sur la déforestation importée.